Le calendrier lunaire des druides du Pilat.
Saint Sabin, dans le massif du Pilat est actuellement un site religieux chrétien sur la commune de Vèranne. C’est aussi un observatoire astronomique connu depuis l’antiquité. Il domine la vallée du Rhône et offre une vue panoramique sur la chaine des Alpes. C’est ici, gravé sur un petit hôtel, que l’on trouve un dessin géométrique qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Vu la situation géographique de ce site et l’intérêt de nos ancêtres pour les phases de la lune, il est envisageable qu’il puisse être un calendrier lunaire.
Avec un cadran solaire, il est très facile de marquer les heures de la journée. Mais le soleil manque de points remarquables à l’œil nu pour mesurer les dates.
La lune change de forme environ toutes les quatre nuits, on peut aisément comprendre qu’elle était un repère temporel précis donc idéal pour tous les peuples de l’antiquité. Elle avait aussi l’avantage d’être à la portée de chaque individu pour mesurer par exemple, le temps de déplacement pour les voyageurs, fixer un rendez-vous, la gestion des cultures, les dates de célébration des cérémonies religieuses pour les druides, Vatés etc. Le changement de lune prévenait aussi du changement de temps. On a tous entendu un jour ou l’autre « Demain la lune tourne, le temps va changer ».
On peut ainsi facilement comprendre l’intérêt que les peuples anciens portaient aux cycles lunaires quelle que soit la position sociale de ses observateurs. Sous nos latitudes, la lune est souvent masquée par les nuages pendant de longues périodes, ceci pouvait générer des erreurs. Il faut donc qu’une horloge étalon marque le temps pour les peuplades environnantes. Placé proche du sommet du Pilat, ce cadran journalier remplissait cette fonction.
Un exemple : Le calendrier Gaulois de Coligny
Le calendrier de Coligny, ou « calendrier gaulois », est une grande table de bronze trouvée en morceaux à Coligny, dans l’Ain, en France, et datée du 2e siècle. Sa reconstitution a révélé qu’il s’agit d’un calendrier servant à fixer les dates des fêtes religieuses ainsi que les jours fastes et néfastes. Il est exposé au « Lugdunum », le musée des antiquités gallo-romaines de Lyon.
C’est un calendrier luni-solaire, semblable à tous les calendriers protohistoriques des zones tempérées, depuis la Chine jusqu’à Rome, qui présente un cycle de 5 années de 12 mois de 29 ou 30 jours, chaque mois étant divisé en deux quinzaines. On remarque que les mois de 29 jours sont notés « ANMATU » et que les mois notés « MATU » sont de 30 jours.
Le mois de SAMAIN du calendrier de Coligny est représenté ci dessous.
Pour info complémentaire.
Les jours de la semaine en anglais tirent leurs noms des mythologies germaniques, celtiques, nordiques et latines. NB : Le calendrier de Coligny ne mentionne pas ces noms.
- Monday”, c’est celui de la Lune (« moon » en anglais) comme notre « lundi ».
- Tuesday”, c’est le jour du dieu nordique « Tyr » = « Mars », ce qui a donné notre « Mardi ».
- Wednesday”, vient de Odin qui se dit Wodan en anglais ancien.
- Thursday, Thor, dieu du tonnerre en mythologie nordique, pour lequel le jeudi était consacré.
- Friday”, de la déesse Freya équivalente à Vénus, qui a donné notre « vendredi ».
- Saturday, est dédié à Saturne. C’est le seul jour dont le nom est d’influence latine.
- Sunday, est le jour de la déesse du nordique du Soleil, Sunna
Schématisation de la gravure de Saint Sabin.
Sur le schéma moderne. Notre représentation de la lune, de la terre et du soleil en 8 dessins permet de comprendre facilement les huit phases du cycle lunaire.
1) La gravure de Saint-Sabin se présente avec deux lunes complètes, la pleine Lune à gauche sur le schéma suivant et la nouvelle lune à droite. Les quatre autres représentations sont celles du premier croissant, de la lune gibbeuse montante, gibbeuse descendante et du dernier croissant.
2) On peut noter que le trait noir est discontinu comme les phases de la lune ou comme le sigle « infini ». Il revient perpétuellement sur lui-même. Il traverse tous les symboles de la gravure.
3) La partie gauche en jaune représente les phases de la lune quand elle est le plus éclairée par le soleil.
4) La partie centrale du schéma représente la lune dans ses phases intermédiaires du premier quartier et du dernier quartier, quand la lune est exactement coupée en deux.
Depuis le centre de la gravure, un index vers la gauche indique la pleine lune en jaune et un autre index vers la droite en gris indique la nouvelle lune.
5) Les petits cercles au-dessus et au-dessous des grands, représentent l’état le plus petit du croissant au moment où il est traversé par la ligne noire discontinue.
6) Les grands arcs de cercle sous les petits représentent les faces cachées des petits croissants de la lune.
7) On peut noter que ce dessin est composé de courbes sauf pour 4 angles droits. En comparant avec la représentation officielle de dessus, La période où la lune est la plus éclairée est à gauche et la période où la lune est la moins éclairée est à droite. La zone du premier et du dernier quartier est dans le petit carré situé entre la pleine lune et la lune nouvelle.
8) On note donc 30 points remarquables sur ce schéma. Ils sont à chaque croisement et à chaque angle ou changement de direction. Ils sont numérotés de 1 à 30. Si chacun de ces points représentait 1 jour lunaire. En respectant les phases de la lune, la ligne discontinue devrait traverser logiquement les 4 quartiers.
« Premier croissant »
Entre le 1er et le 5ème jour. Une petite surface de la lune éclairée est jointe à une surface cachée plus grande et plus sombre. Elle est nommée « Premier croissant » dans la représentation moderne.
« Premier quartier ».
Entre le 5ème et le 10ème jour. La lune apparait partagée en deux parties égales. Elle n’est pas représentée par un cercle mais la zone est à mi-chemin entre la pleine lune et la nouvelle lune. C’est le « Premier quartier ».
« Lune gibbeuse croissante »
Entre le 11éme et le 14ème jour. Le petit quartier noir au-dessus de la lune diminue en rapport de l’augmentation de section éclairée de la lune qui augmente. C’est la « Lune gibbeuse croissante ».
« Pleine lune »
Entre le 14ème et le 17ème jour, la lune est entièrement éclairée par le soleil. C’est la « Pleine lune ».
« Gibbeuse décroissante »
Entre le 18ème et le 20éme jour la pleine lune perd de sa clarté, la partie de sa surface éclairée diminue quotidiennement dans cette période. Elle est « Gibbeuse décroissante ».
« dernier quartier ».
La lune est ½ éclairé et ½ dans l’ombre entre le 21ème et le 26éme jour. Sur la gravure, sa position est intermédiaire entre la lune nouvelle et la pleine lune. Elle se nomme « dernier quartier ».
« dernier croissant »
« dernier croissant »Entre le 26ème et le 28ème jour la partie sombre de la lune prend le dessus par rapport à la portion éclairée. C’est le « dernier croissant ».
« Nouvelle lune ».
C’est ici, entre le 29ème jour et le 30ème jour qu’il faudra choisir le point d’arrivée. Si c’est le 29, alors le Vatès devra compter un jour de plus au cycle suivant et arrêter le comptage sur le 30ème jour pointé. Ce dernier jour, cette phase de la lune est dite « Nouvelle lune ».
Illustration du 17e siècle représentant un Homme d’osier, une pratique celte au cours de laquelle, selon Strabon, les personnes sacrifiées étaient entassées dans une effigie en osier qui était ensuite brûlée.
L’historien et géographe Strabon -60 / 20
Livre IV chapitre V
// Les Romains réussirent pourtant à les faire renoncer à cette coutume barbare ainsi qu’à maintes pratiques de leurs sacrificateurs et de leurs devins qui répugnaient trop à nos mœurs : il était d’usage, par exemple, que le malheureux désigné comme victime reçût un coup de sabre [à l’endroit des fausses côtes,] puis l’on prédisait l’avenir d’après la nature de ses convulsions [et cela en présence des Druides], vu que jamais ils n’offraient de sacrifices sans que des Druides y assistassent. On cite encore chez eux d’autres formes de sacrifices humains : tantôt, par exemple, la victime était tuée lentement à coups de flèches, tantôt ils la crucifiaient dans leurs temples, ou bien ils construisaient un mannequin colossal avec du bois et du foin, y faisaient entrer des bestiaux et des animaux de toute sorte pêle-mêle avec des hommes, puis y mettant le feu, consommaient l’holocauste.