Livre VII : chapitre 13.
Traduction : L.-A. Constans, 1926 : “La guerre des Gaules”
Départ pour Avaricum.
Ch.13. César fait sortir du camp sa cavalerie et engage la bataille ; puis, les siens étant en difficulté́, il envoie à leur secours environ quatre cents Germains qu’il avait coutume, depuis le début de la guerre, d’avoir avec lui. Les Gaulois ne purent supporter leur charge. Ils furent mis en déroute et se replièrent sur le reste de l’armé avec de lourdes pertes. Ce revers ramena les assiégés à leurs premiers sentiments. Pris de peur, ils arrêtèrent ceux qu’ils considéraient comme responsables du mouvement populaire, les amenèrent à César et firent leur soumission. Ayant terminé́ cette affaire, César partit pour Avaricum, qui était la ville la plus grande et la plus forte du pays des Bituriges, et située dans une région très fertile : il pensait que la prise de cette place lui soumettrait toute la nation des Bituriges.
La cavalerie gauloise ne tiendra pas le choc contre les mercenaires Germains de César. Les gens de Noviodunum ne pouvant plus compter sur les leurs. Ils se rendent et livrent leurs émeutiers aux romains. Après les négociations de paix, César part pour Avaricum. Il pensait que la prise de cette cité soumettrait toute la nation des Bituriges.
Livre VII : chapitre 14.
Traduction : L.-A. Constans, 1926 : “La guerre des Gaules”
Réunion de crise chez les Gaulois.
Ch. 14. Vercingétorix, après cette suite ininterrompue de revers essuyés à Vellaunodunum, à Cenabum, à Noviodunum, convoque un conseil de guerre. Il démontre qu’il faut conduire les opérations tout autrement qu’on ne l’a fait jusqu’ici : « Par tous les moyens on devra viser à ce but : interdire aux Romains le fourrage et les approvisionnements. C’est chose facile, car la cavalerie des Gaulois est très nombreuse, et la saison est leur auxiliaire. Il n’y a pas d’herbe à couper. Les ennemis devront donc se disperser pour chercher du foin dans les granges. Chaque jour, les cavaliers peuvent anéantir tous ces fourrageurs. Il y a plus quand on joue son existence, les biens de fortune deviennent chose négligeable. Vercingétorix fait incendier les villages et les fermes dans toute la zone que les Romains, autour de la route qu’ils suivent, paraissent pouvoir parcourir pour fourrager. Pour eux, ils ont tout en abondance, car les peuples sur le territoire desquels se fait la guerre les ravitaillent. Les Romains, au contraire, ou bien devront céder à la disette, ou bien s’exposeront à de graves dangers en s’avançant à une certaine distance de leur camp ; que d’ailleurs on les tue ou qu’on leur enlève leurs bagages, cela reviendra au même, car sans ses bagages une armée ne peut faire campagne. Ce n’est pas tout : il faut encore incendier les villes que leurs murailles et leur position ne mettent pas à l’abri de tout danger, afin qu’elles ne servent pas d’asile aux déserteurs et qu’elles n’offrent pas aux Romains l’occasion de se procurer des quantités de vivres et de faire du butin. Trouvent-ils ces mesures dures, cruelles ? Ils doivent trouver bien plus dur encore que leurs enfants et leurs femmes soient emmenés en esclavage ; et qu’eux-mêmes soient égorgés car c’est là le sort qui attend fatalement les vaincus. »
On en est au chapitre 14 et on peut constater que Vercingétorix n’a pas une seule victoire à son actif sauf peut-être dans les Cévennes, où il aurait battu les troupes de Brutus à champ Dolent. On constate aussi que c’est César qui mène le bal, alors que Vercingétorix suit le mouvement. Le Gaulois va changer de tactique. Comme César est en territoire ennemi, Vercingétorix va essayer d’affamer son armée pour que César quitte le pays, sans avoir combattu mais terrassé par la famine ».
Livre VII : chapitre 15.
Traduction : L.-A. Constans, 1926 : “La guerre des Gaules”
Arrivée sur Avaricum.
Ch. 15. D’un accord unanime, on approuve cet avis. En un seul jour, plus de vingt villes des Bituriges sont incendiées. On fait de même chez les autres peuples d’alentour ; de tous côtés, on aperçoit des incendies. C’était pour tous une grande douleur ; mais ils se consolaient par cette pensée que, la victoire étant presque une chose assurée, ils recouvreraient avant longtemps ce qu’ils avaient perdu. On délibère en conseil de guerre sur Avaricum : veut-on brûler la ville ou la défendre ? Les Bituriges se jettent aux pieds des chefs des diverses nations, suppliant qu’on ne les force point de mettre le feu de leurs mains à une ville qui est, ou peu s’en faut, la plus belle de toute la Gaule, qui est la force et l’ornement de leur pays. Il leur sera facile, vu sa position, de la défendre, car presque de tous côtés elle est entourée par l’eau courante et le marais, et n’offre qu’un accès, qui est d’une extrême étroitesse. On cède à leurs prières Vercingétorix s’y était d’abord opposé, puis s’était laissé fléchir, ému par les supplications des chefs bituriges, et par la commisération générale. On choisit pour la défense de la place les hommes qu’il faut.
Les Bituriges sont d’accord pour pratiquer la politique de la terre brulée instaurée par Vercingétorix. Cependant, ils négocient la sauvegarde d’Avaricum car ils pensent que la ville est très bien défendue par la nature et que son seul accès est un passage étroit facilement défendable. Mais, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les techniques de guerre des Romains ne sont pas connues par Vercingétorix. Il en conviendra plus loin, voir les chapitres, ch. 29 : les Romains ont triomphé, mais grâce à une technique, à un art des sièges qui ont surpris l’ignorance des Gaulois.
Avaricum doit avoir les mêmes caractéristiques qu’un éperon barré : un seul accès carrossable et une protection naturelle sur toute sa périphérie.