© Relais d’alarme du Velay et d’ailleurs.
En fouinant sur des cartes d’état-major j’ai constaté que de nombreuses collines du Velay, de l’Ardèche de la Loire et Haute Loire portent des noms « Signolles », « Signol », « Chassignolle » ou Céaux peut être un lapsus de signaux pour « Signolle » au pluriel. Ces toponymes ne sont pas interprétés en tant que lieux-dits. Dans les dictionnaires on ne trouve que des patronymes pour ce nom. On ne sait même pas si ces noms sont masculins ou féminins. Nous allons nous concentrer sur ceux autour du Velay.
SIGNOLLES POURRAIENT-ELLES ÊTRE UNE DÉFORMATION DU LATIN « SIGNALE » QUI DÉSIGNE UN « SIGNE » OU « REPÈRE », « MARQUE », « ENDROIT SIGNALÉ » CHEZ LES ARPENTEURS (GROMATICI)
Ces toponymes ont pourtant tous un point commun, ils sont tous près du sommet d’une colline de la plus haute altitude de son secteur. Avec Géoportail si on trace les courbes de niveaux entre ces « Signolles » il n’y a pas d’obstacle visuel qui coupe la vue. Parfois en Ardèche on trouve aussi aux sommets des collines des toponymes « Sagne ou Sagnol » qui sont censés être des lieux marécageux mais ils sont secs et rocailleux comme à St Martin de Valamas où il n’y a aucune possibilité que ce lieu soit ou ait été un lieu humide. Sur la crête de cette colline il n’y a que des cailloux sur de la roche avec un peu de garrigue.
Quelle est la solution ?
On a supposé qu’ils aient peut-être été des postes d’alerte pour informer les populations dans le cas d’une invasion par une armée ennemie. Pour le vérifier, il faut que tout le pays soit couvert par un réseau complet de « Signolles ».
Qu’est-ce qui existait ailleurs ?
Les « Signaux » d’alerte sont indispensables à la surveillance d’un territoire pour la sécurité de son peuple depuis la nuit des temps. Le dernier exemple en service était celui utilisé par les Indiens d’Amérique avec des feux. Ces buchers ont dû servir pour signaler les migrations des troupeaux de bisons dans les grandes plaines avant d’être utilisés pour signaler les convois d’Européens pendant l’occupation des Amériques. Les colons parlaient de signaux de fumées Indiens « codés » parce que ces convois d’envahisseurs circulaient en bas des collines, ils ne voyaient pas le feu par lui-même et encore moins celui ou ceux qui étaient censés les interpréter. Essayez de coder la fumée d’un feu depuis le haut d’une colline c’est impossible. Ce sont toujours les lieux les plus ventés. https://youtu.be/7IROIiu8upo
Dans la vieille Europe comme chez les Indiens d’Amérique un peuple doit s’organiser contre les invasions militaires. Il doit soit contre-attaquer soit se rassembler sur une place forte soit fuir devant eux. Quelle que soit la solution choisie, il est indispensable de localiser précisément son agresseur le plus tôt possible pour prendre la bonne décision.
- Si on veut contre-attaquer avant qu’il n’arrive il faut avoir le temps de soulever une troupe et de l’envoyer sur la bonne route. Attention aux changements de directions des ennemis, on ne déplace pas une armée comme des jetons sur un jeu d’échecs. Il est impératif de localiser parfaitement son ennemi sur sa route.
- Si on doit soutenir un siège il faut alerter et rassembler les populations dans une citadelle si c’est au Moyen Âge ou sur un oppidum si c’est en Gaule. Dans ce cas aussi il faut connaitre la position ennemie pour prendre le temps de ne pas lui laisser des vivres pour le siège mais en stocker un maximum pour le soutenir.
- Si on doit fuir devant un ennemi trop puissant il ne faut rien lui laisser pour sa survie et surtout ne pas fuir dans sa direction.
Il était donc indispensable pour ces peuples de l’antiquité d’organiser un système de défense efficace et peu couteux en hommes. La meilleure solution était de compter sur la vigilance des populations concernées pour signaler une armée ennemie. La rapidité de l’information garantit son efficacité.
Au moyen âge la multitude des petits châteaux où mottes castrales le long des routes pouvaient remplir cette fonction. Certains d’entres eux comme celui de Rochebonne ne pouvaient pas avoir d’autre fonction que celle d’alerter la métropole d’une invasion militaire ennemie par des signaux lumineux. Ce Château est si petit que la garnison qui l’occupait ne pouvait pas tenir un siège contre une armée. Il est positionné à mi-chemin d’une colline presque falaise où il est impossible d’y accéder en armes et de se battre à l’arrivée. Les occupants du château (745m) dominent la vallée (486m) et voient ce qui s’y passe mais très loin de la route. Avec une petite garnison ils ne peuvent pas intervenir. Par contre ils sont en vue directe avec un mont « Signolle » qui peut l’observer en permanence pour être informé d’une invasion ennemie par des codes lumineux. Depuis ce château ils peuvent soutenir un siège le temps que l’information passe.
PS: Le château de Rochebonne est proche d’un sommet (1029m) qui se nomme: “Le moulin du Seigneur”. Le nom propre “Seigneur” s’écrivait “Seignor” en 1050. D’où le lapsus évident entre “Seignor” et ” Signole”. Ce cas de figure n’est pas la règle générale mais il est récurrent et nous invite à conclure que ces « Signolles » sont antérieur au Moyen-Âge et que ces petits châteaux ont joués le même rôle mais bien plus tard.
En face du château : Le mont « Signolle »
C’est dans la série « Le seigneur des anneaux » qu’on trouve un exemple illustrant bien l’intérêt de ces feux d’alerte. La vidéo de deux minutes s’ouvre ici : https://youtu.be/CoFPYYWKg7U
Le maillage de ces collines « Signolle » est très vaste. Par contre entre ces collines de nombreuses petites collines se nomment « Gardes ». Dans le Velay ce sont souvent des Sucs qui portent ce nom. Plusieurs fois on m’a fait remarquer qu’ils étaient utilisés pour la garde des troupeaux. Pour un homme de la campagne surveiller un troupeau depuis ces points de vue parait aussi difficile que de les faire monter sur les flancs de ces « gardes » pour qu’ils broutent paisiblement.
Restons sérieux : ces collines de garde balisent les routes du Velay comme des bornes Michelin. Ce ne sont pas des péages parce qu’elles sont trop nombreuses. L’intérêt militaire ne fait plus aucun doute. La surveillance du territoire par la vigilance de ses habitants parait une hypothèse sérieuse.
Nous allons essayer de la démontrer en nous concentrant sur le Velay où les « Signolles » et les « gardes » sont très nombreuses. Nous allons nous servir seulement de la toponymie pour cette hypothèse bien que quelques rares châteaux du Moyen âge soient localisés sur des lieux dit « Signolles » ou « Gardes »
A gauche l’Allier, à droite la Loire et en diagonale la route entre Landos et le Puy en Velay. C’est le pays des Sucs, il y en a des centaines dans cette région. Chaque point est une colline dite « Garde » ou « Signolle » Ces gardes balisent les routes.
Fonctionnement des feux d’alerte.
Ce tableau d’Evariste Luminais se nomme « les éclaireur Gaulois » Le titre est évocateur et correspond bien au besoin du schéma. On l’a légèrement modifié pour illustrer cette hypothèse. Du haut du « mont Signon » ils voient un feu d’alerte et ils vont à leur tour allumer un feu qui sera vu depuis le Testavoyre où un autre feu d’alerte sera allumé et vu dans tout le Velay.
Schéma explicatif.
Le décors:
1) Six postes de garde sont installés en permanence aux sommets: 1) du Testavoyre 2) du mont Signon 3) du Devès 4) du mont Bar 5) de L’Œillon et 6) de Montarcher. Le Testavoyre est le seul à communiquer en vue directe avec la forteresse de Polygnac où des gardes surveillent en permanence le Testavoyre.
2) Sur chaque route d’accès au Velay est sélectionné UNE colline dont le sommet est en vue directe avec les six postes de garde permants.
3) En haut de ces collines soigneusement sélectionnées un bucher est prêt en permanence à être allumé. Pour valider cette hypothèse, il est impératif que ces collines portent un nom évocateur comme Signole, Signalas, le suc des alertes etc. Les routes principales d’accès au Velay sont sous la vigilance de la population locale. Une seule position par vallée suffit par voie d’accès.
4) La population le long de ces route est vigilante. En cas d’invasion ils iront éclairer ces feux d’alarme comme le font les gardiens de phares en mer pour prévenir les bateau du danger d’une cote et pour leur permettre de se localiser .
Le scénario.
1) Une armée ennemie quitte la vallée du Rhône pour envahir le Velay.
2) Elle est repérée par la vigilance des habitants qui vont allumer le feu d’alerte de la route concernée au fur et à mesure de sa progression.
5) Ils sont repérés par les gardes du mont « Signon »
6) Depuis le mont Signon, ils vont répéter la même action qui sera vue depuis le Testavoyre.
7) Le Testavoyre est le QG des informateurs. Ils vont allumer un feu d’alerte pour prévenir la capitale et le pays.
8) En moins de deux heures l’armée ennemie est localisée à 150 km de la métropole.
9) Rassemblement général aux pieds des monts d’alerte en feu où ils seront aiguillés vers le mont Signole.
10) L’armée mobilisée sera dirigée à la rencontre des envahisseurs qui seront surpris sur la route où il sera plus facile de les arrêter que de subir un siège de la capitale.
Une seule faille dans ce système d’alerte.
Ce système d’alerte a un seul défaut. Il est inopérant en cas d’épisode neigeux important. Mais tout le monde sait que l’hiver n’est pas la saison des batailles. Même Jules César devait connaitre ces postes d’alerte. Ils pourraient justifier son incursion militaire dans les Cévennes en plein hiver avec 6 pieds de neige soit des congères de 1,8m.
La guerre des Gaules: Livre VII chapitre 8.
Après avoir pris ces dispositions, comme déjà Luctérios arrêtait son mouvement et même reculait, parce qu’il trouvait dangereux de s’aventurer au milieu de nos détachements, César part chez les Helviens. Les Cévennes, qui forment barrière entre les Helviens et les Arvernes, étaient en cette saison, à l’époque la plus rude de l’année, couvertes d’une neige très haute qui interdisait le passage, néanmoins, les soldats creusent et écartent la neige sur une profondeur de six pieds, et, le chemin ainsi frayé au prix des plus grandes fatigues pour les hommes, on débouche dans le pays des Arvernes.