Le LIGER
Le grand fleuve de la Gaule
STRABON : 800 STADES ENTRE LE RHONE ET LE LIGER.
(800×185,5m=148km)
Livre IV ch. I.14 « Seulement, comme le Rhône est rapide et difficile à remonter, il y a telles marchandises de ces cantons ; toutes celles notamment qu’on expédie de chez les Arvernes pour être embarquées sur le LIGER, qu’on aime mieux envoyer par terre sur des chariots. Ce n’est pas que le Rhône, en certains points de son cours, ne se rapproche sensiblement de l’autre fleuve, mais, la route de terre étant toute en plaine et peu longue elle-même, elle n’est guère que de 800 stades (148km) invite à ne pas remonter le Rhône, d’autant qu’il est toujours plus facile de voyager par terre. A cette route succède la voie commode du LIGER, fleuve qui descend des monts Cemmènes et va se jeter dans l’Océan.
Longueurs et altitudes du Rhône.
(modifications sur un support Wikipédia)

La flèche bleue verticale positionne la ville de Pont-Saint-Esprit. Elle s’appelait au milieu du Moyen Âge Saint-Saturnin-du-Port (en latin Portum Sancti Saturnini).
Le nom actuel de la ville lui vient de la construction du pont sur le Rhône par le frère de saint Louis, le comte de Poitiers et de Toulouse Alphonse de Poitiers ; elle commença en 1265 pour s’achever en 1309. D’après Viollet-le-Duc, elle fut confiée à la branche pontife des Hospitaliers (la branche des constructeurs de ponts, formée par ces moines-soldats pour faciliter les pèlerinages) et consacrée au Saint Esprit. Elle était dirigée par Jean de Tensanges ou de Thianges. Ce pont, le plus vieux de tous les ponts sur le Rhône, sept cents ans, reliant la Provence au Languedoc, en aval du Rhône, a longtemps constitué un point de passage privilégié sur le Rhône.
Pont Saint-Esprit est, sur la courbe de niveau du Rhône, schéma ci-dessus, le point le plus au nord de « la basse vallée du Rhône ». Depuis Arles, on pouvait y naviguer à la voile ou à la rame dans les deux sens.
Pont-Saint-Esprit est à la confluence de la rivière Ardèche, cette rivière descend des Cévennes. Sa partie navigable est rapide mais seulement à la descente entre Ruoms et Pont-Saint-Esprit. Cette ville était en Gaule Pour J.-C. Bouvier, l’étymologie de Ruoms serait la même que pour Riom (Puy-de-Dôme) ou Rioms (Drôme) : gaulois Ricomagus, “marché royal”, le “marché du Chef” ou le « grand marché ». Depuis Ruoms, la rivière Ardèche se descend vers Pont-Saint-Esprit, elle ne se remonte pas.
Donc, au-dessus de la confluence avec la rivière Ardèche, à Pont-Saint-Esprit, ‘Basse vallée’ sur la carte ci-dessus, le Rhône est difficile à remonter.
Strabon en parle : « Seulement, comme le Rhône est rapide et difficile à remonter, il y a telles marchandises de ces cantons ; toutes celles notamment qu’on expédie de chez les Arvernes pour être embarquées sur le LIGER, qu’on aime mieux envoyer par terre sur des chariots. »
Au niveau, de Mondragon, sur la rive droite du Rhône, la ville de Bolène ou « La voie des bœufs ». Elle ouvrait le commerce par voie terrestre, le long du Rhône, vers Vienne sur la même rive.
a) Pont-Saint-Esprit pourrait bien être le point de départ du commerce entre le Rhône et le Liger dont parle Strabon. La courbe moyenne de la pente du Rhône indique que : La basse vallée du Rhône se termine à Pont-Saint-Esprit. Plus au Nord, la différence de pente du fleuve est flagrante. Il est difficile voire impossible de le remonter à la rame ou à la voile. Le vent dominant, « Le Mistral » complique la tâche, il souffle toute l’année du Nord au Sud et ralentit toute embarcation qui essaye de remonter le cours du Rhône en direction de Vienne.
b) Le point d’arrivé au LIGER depuis Pont-Saint-Esprit est très difficile à déterminer vu le nombre de grands chemins qui communiquaient entre : Rhône et Allier ou Rhône et Loire. De plus, on ne connaît pas, sur aucun de ces deux fleuves, le relais qui transfert les marchandises entre muletiers et mariniers.
S’il y a une certitude sur ces grands chemins, c’est que les animaux de trait son plus efficace quand la route est sur une pente régulière. Même si c’est plus long, il est moins pénible pour les muletiers de contourner une colline plutôt que de la gravir et la redescendre. En montagne, la ligne droite n’est pas le meilleur chemin.
(Wiki) : Deux sites importants de vestiges archéologiques (Lago et Coudelines) attestent d’une présence gauloise dans la vallée de Naussac et si la vidange du barrage en 2005 a fait apparaître en surface des pièces étonnantes à exploiter, les pages d’histoire restent muettes jusqu’en l’an 998 où, les actes de fondations de la ville, texte officiel capital, parlent pour la première fois de Langogne.

La toponymie du fleuve Allier a laissé un indice intéressant au village de Chapeauroux :
« Le moulin des Nautes »
C’est-à-dire, le moulin des « mariniers ».
Il est très probable que ce lieu-dit puisse être proche du point d’embarquement des marchandises sur l’Allier. Ce fleuve était probablement « LE LIGER » de Strabon.
Hypothèse de cheminement :
Hypothèse : Sur Géoportail, le mode « Vélo », évite les routes nationales modernes et les cols d’altitude. Géoportail propose cet itinéraire. La route la plus plate depuis Pont-Saint-Esprit vers Chapeauroux mesure 146km, environ 800 stades. Le point culminant de ce parcours est à 1015m d’altitude, c’est la Bastide-Puy-Laurent sur l’Allier, pas encore navigable en ce lieu.

Il y a d’autres hameaux qui portent le nom évocateur d’un trafic fluvial : « Les Nautes », par exemple à Beauzac (43), cette fois sur la Loire.
César est à Décize, sur la Loire actuelle, à 45km à l’Est du bec d’Allier. Il écrit :
La Guerre des Gaules : Livre VII chapitre 34.
César fit ensuite deux parts de son armée quatre légions furent confiées à Labiénus pour marcher contre les Sénons et les Parisii, et il mena lui-même les six autres chez les Arvernes, vers la ville de Gergovie, en suivant l’Elauer ; il donna une partie de la cavalerie à Labiénus et garda l’autre part. Quand Vercingétorix apprit ces nouvelles, il coupa tous les ponts du fleuve et se mit à remonter le fleuve sur la rive opposée.
Plusieurs fois César parle du LIGER, il parle d’un fleuve au Nord du bec d’Allier. A Décize, il remonte le “LAUER” pour rejoindre Gergovie, pas le “Liger”