Le LIGER.
Le grand fleuve de la Gaule.
Exemple de convoyage : Dans les gorges du Tarn avant l’ère industrielle.
Les bateliers du Tarn sont l’exemple parfait qu’il nous reste pour démontrer que des rivières peu profondes pouvaient être exploitées pour le transport des marchandises avec les mêmes moyens techniques qu’ont dû avoir les mariniers de la Gaule. Un homme et son cheval pouvaient, à eux seul, transporter sur les rivières plusieurs tonnes de marchandises. Ceci était totalement impossible par voies terrestres.
Une étude, sur la façon de travailler des mariniers de la Malène, explique que le trafic sur le cours du Tarn était très bien organisé. Des postes relais à intervalles réguliers jalonnaient les gorges de ce fleuve.
L’histoire des bateliers et des barques dans les Gorges du Tarn.
Elle est liée à la géographie tourmentée des lieux. La barque, depuis au moins le quatorzième siècle est le principal moyen pour se déplacer dans le canyon. Il existe une multitude de barques en bois de formes différentes dans chaque village des Gorges. Les barques sont utilisées comme un moyen de transport pour aller d’un village à l’autre mais aussi pour travailler la vigne et même pour pêcher au filet ou à l’épervier. À la fin du dix-neuvième siècle les premiers touristes explorateurs arrivent dans les Gorges du Tarn par la nouvelle ligne de chemin de fer Paris Béziers, des hôtels se créent dans les villages les premières descentes touristiques voient le jour, les barques ne sont pas encore adaptées au tourisme et l’on voit bien souvent des dames en grandes tenues assises dans les barques sur des chaises de cuisines ….
Il est impensable voir improbable que les marchandises soient convoyées par un seul groupe d’individus depuis le Rhône jusqu’à leurs destinations finale. Le paysage de la Gaule n’est pas homogène et les routes sont rares. Le système de relais des bateliers du Tarn est idéal. Les cours d’eau navigables de nos fleuves sont jonchés de petits châteaux séparés d’une étape de marinier. On verra que Strabon l’a précisé dans sa géographie.
Un premier marinier descendait le cours du Tarn. Après un trajet d’une demi-journée, c’est à dire qu’à la pause de midi, il déchargeait la marchandise transportée à la première étape. En même temps, un autre marinier avec son train de barque parti du relais numéro trois, finissait de remonter le Tarn. Après avoir échangé leurs marchandises, le premier marinier remontait chez lui avec son cheval et son convoi nouvellement chargé.
Ci-dessous, un exemple de relais sur un tronçon du fleuve Loire à mi-chemin entre les départements de la Loire et de la Haute-Loire. Il y a un château ancien à chacune de ces étapes.
Chaque couleur de flèche représente : soit un marinier soit, en brun, un convoi de muletier pour contourner des rapides.
C’était le quotidien de ces convoyeurs qui, depuis la nuit des temps, permettait de faire transiter rapidement les marchandises sur les fleuves de la Gaule, là où la navigation à rame ou à voile n’était pas possible.
S’il y avait des rapides à passer, le convoi était déchargé par une nouvelle équipe de muletiers ou de charrois présents sur place, puis transporté en aval des rapides. C’est exactement le cas de figure que l’on retrouve sur l’oppidum d’Essalois en face de Saint-Victor-sur-Loire. Un chemin remontait du fleuve vers cet oppidum et un autre descendait en aval des rapides. De grandes quantités d’Amphores brisées ont été trouvées sur ce site qui devait sécuriser les marchandises au cours des transferts. Il a été supplanté par un petit château au Moyen-Âge.
⇐ Sur cette lithographie du XIXème siècle dessinée près de Saint-Victor -Sur-Loire, deux mariniers tentent de passer les rapides. On voit en arrière-plan le château d’Essalois qui a supplanté l’oppidum du même nom. C’était très risqué de passer, par ces rapides, des amphores pleines de vin, produit de luxe en Gaule.
Les châteaux du moyen âge, alignés le long de la Loire sont à des intervalles qui permettent de penser que chacun d’entre eux, représentaient, à une autre époque, une étape de marinier.
Poteries trouvées à Essaloi. Cet oppidum surplombait des rapides sur la Loire. Un chemin en amont de ceux ci montait sur l’oppidum et un autre en aval descendait sur la Loire. ⇓
⇐ Un marinier et son cheval remontent un convoi de barques sur le Tarn. Celui-ci a de l’eau jusqu’au milieu du ventre.
A droite, le marinier, avec son convoi de barques, attend ses clients pour une promenade sur le Tarn. ⇒
diaporama en cliquant sur les images.
Le massacre des commerçants romains par les troupes de Vercingétorix à Cenabum (Orléans) en -53, démontre qu’il y avait des comptoirs pour réceptionner et rediriger les marchandises tout au long de ces axes commerciaux que sont les fleuves de la Gaule.
César est à Décize, sur la Loire actuelle, à 45km à l’Est du bec d’Allier. Il écrit :
La Guerre des Gaules : Livre VII chapitre 34.
César fit ensuite deux parts de son armée quatre légions furent confiées à Labiénus pour marcher contre les Sénons et les Parisii, et il mena lui-même les six autres chez les Arvernes, vers la ville de Gergovie, en suivant l’Elauer ; il donna une partie de la cavalerie à Labiénus et garda l’autre part. Quand Vercingétorix apprit ces nouvelles, il coupa tous les ponts du fleuve et se mit à remonter le fleuve sur la rive opposée.
Plusieurs fois César parle du LIGER, il parle d’un fleuve au Nord du bec d’Allier. A Décize, il remonte le “LAUER” pour rejoindre Gergovie, pas le “Liger”