
3) Les Gaulois déclenchent les hostilités contre Rome.
Quand arrive le jour convenu, les Carnutes, entrainés par Cotuatos et Conconétodumnos, hommes dont on ne pouvait rien attendre que des folies, se jettent, à un signal donné, dans Cenabum, massacrent les citoyens romains qui s’y étaient établis pour faire du commerce, mettent leurs biens au pillage ; parmi eux était Caïus Fufius Cita, honorable chevalier romain, que César avait chargé de l’intendance des vivres. La nouvelle parvient vite à toutes les cités de la Gaule. En effet, quand il arrive quelque chose d’important, quand un grand évènement se produit, les Gaulois en clament la nouvelle à travers la campagne dans les différentes directions ; de proche en proche, on la recueille et on la transmet. Ainsi firent-ils alors ; et ce qui s’était passé à Cenabum au lever du jour fut connu avant la fin de la première veille chez les Arvernes, à une distance d’environ cent soixante milles (235km).
Points clés du chapitre.
Deux chefs, Cotuatos et Conconétodumnos, probablement deux mercenaires, entraînent les Carnutes dans le massacre de commerçants romains placés sous la protection de la cité de Cenabum (vers Orléans). Cet événement constitue l’élément déclencheur du retour de César en Gaule en -53. Plus tard, les habitants de la ville en paieront le prix fort.
Leur rôle dans la Guerre des Gaules :
- En -53, ils dirigent un commando de guerriers carnutes qui attaque et massacre les marchands romains de Cenabum.
- Cet événement est l’élément déclencheur de la réaction de César, qui revient en Gaule pour mater la rébellion.
- En -52, ils disparaissent des sources historiques après la révolte généralisée menée par Vercingétorix.
Leur origine :
César ne précise pas l’origine tribale exacte de Cotuatos et Conconétodumnos. On sait qu’ils ont dirigé les Carnutes, mais certains historiens se demandent s’ils n’étaient pas liés à une autre tribu, comme les Arvernes.
Leur destin après le massacre de Cenabum reste inconnu. Il est probable qu’ils aient été tués dans la répression romaine qui suivit ou qu’ils aient rejoint la coalition gauloise sans être explicitement mentionnés par César.
Cenabum était une cité commerciale et un oppidum des Carnutes, un peuple de la Gaule celtique. Située stratégiquement sur les rives du Liger (de la Loire), la ville possédait un pont. Elle était défendue par des fossés secs et une palissade de terre. Cenabum disposait également d’un port, attesté avant l’époque romaine, et constituait le principal débouché commercial des céréales produites dans la Beauce, région naturelle située au nord-ouest.
Grâce à la rapidité des communications entre les Gaulois, toute la Gaule fut rapidement informée des événements survenus à Cenabum. (Voir le livre N°1)
160 milles : Un mile romain mesurant 1,472 km, une distance de 160 milles équivaut à environ 235 km. Pour donner un point de comparaison, cela correspond approximativement à la distance à vol d’oiseau entre Orléans et Nemosos, la métropole des Arvernes, que Strabon situe sur le Liger (c’est-à-dire l’Allier). Cependant, ce ne sont pas 235 km mais 302 km de route qui séparent réellement ces deux grandes métropoles. On compte par ailleurs 218 km de route entre Orléans et Montluçon, également située en territoire arverne. C’est peut-être cette ville frontière que César évoque dans son récit. Il n’aurait fallu que 24 heures pour que la nouvelle parcoure cette distance, ce qui implique une vitesse moyenne de 10 km/h, y compris pendant les heures nocturnes.
Les Romains furent impressionnés par l’efficacité et la rapidité des communications chez les Gaulois. Il est possible qu’un système de relais, semblable à celui du “Pony Express” américain, ait déjà existé en Gaule à cette époque. L’affirmation de César semble parfaitement crédible si, par exemple, des postes de garde étaient installés tous les 15 km le long des grandes voies commerciales.

Tableau d’Evariste-Vital Luminais -1821-1896 “Deux cavaliers Gaulois”