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Livre VII : chapitre 10.

– 53 : César est chez les LINGONS

Il regroupe ses légions et se porte au secours des Boïens.

Traduction : L.-A. Constans, 1926 :  “La guerre des Gaules”

             Ch. 10 : Cette manœuvre mettait César dans un grand embarras. S’il gardait ses légions dans leurs quartiers pendant le reste de l’hiver, il devait craindre que, ayant laissé écraser un peuple qui était tributaire des Héduens, la Gaule entière n’entrât en dissidence, puisqu’on verrait que ses amis ne trouvaient en lui aucune protection. S’il les faisait sortir prématurément, il devait craindre d’avoir à souffrir du côté du ravitaillement, par suite de la difficulté́ des transports. Il crut qu’il valait mieux néanmoins tout supporter, plutôt que de s’aliéner, en acceptant un tel affront, l’unanimité́ de ses partisans. Il invite donc les Héduens à lui fournir des vivres, et se fait précéder chez les Boïens d’une ambassade qui annoncera sa venue et les exhortera à rester fidèles, à supporter vaillamment le choc de l’ennemi. Laissant à Agedincum deux légions et les bagages de toute l’armée, il se met en route pour le pays des Boïens.

Ce qu’il faut retenir dans ce chapitre N°10.

            Avant tout, il faut connaître le nombre de légions réunies chez les Lingons.

Chapitre 10. Laissant à Agédincum deux légions et les bagages de toute l’armée, //    

Chapitre 34. // Il fit ensuite deux parts de son armée quatre légions furent confiées à Labiénus pour marcher contre les Sénons et les Parisii, et il mena lui-même les six autres chez les Arvernes, vers la ville de Gergovie //

            César a rassemblé chez les Lingons 12 légions, soit 72 000 militaires plus les auxiliaires de l’armée et beaucoup d’animaux. Plus de 72 tonnes de nourriture ont dû être consommées au quotidien, si chaque homme n’en mange qu’un kilo par jour. C’est l’équivalent d’un stade de France plein qu’il faut alimenter. Outre le fourrage des animaux. Une logistique énorme et coûteuse devait être mise en place pour nourrir cette armée en quartier d’hiver.

            César laisse deux légions à Agédincum (Sens) chez les Sénons, c’est à dire à130 km à vol d’oiseau vers l’ouest. Il est impensable de supposer que César soit allé accompagner deux légions puis revenu avec les dix autres vers le sud, alors qu’il y avait une situation d’urgence chez les Boïens. Les deux légions peuvent faire les cinq ou six étapes de cette route en toute quiétude avant que les Sénons ne réalisent ce qui se passe et organisent une contre-attaque. Si César prend cette direction vers l’ouest, il s’éloigne du pays des Boïens, alors que c’est l’urgence du moment (ceci quelle que soit l’hypothèse de la localisation de ce peuple).

            César ne veut pas laisser ses douze légions dans leurs quartiers d’hiver. Pour le moment, il craint que les Boïens tombent aux mains de Vercingétorix. Il va leur envoyer une ambassade pour signaler sa venue. Il va aussi demander aux Eduens de préparer des vivres pendant son passage. Donc César part depuis le pays des Lingons vers le Sud avec dix légions. Les villes Eduens du « futur » Augusto dunum et de Bibracte sont sur sa route.

Hypothèse ; « Localisation de César chez les Lingons ».

            Officiellement, les Boïens seraient chez les Bituriges ? Chose impossible pour les raisons suivantes. César avait placé les Boïens sous l’autorité des Eduens (Livre VI.28). Les Bituriges étaient des Eduens avant de passer dans le clan des Arvernes de Vercingétorix (Livre VII.5), bien avant l’entrée en Gaule de César (Livre VII.7). Si les Boïens étaient du côté Ouest de la Loire, ni Vercingétorix ni les Bituriges ne les auraient laissés tranquilles aussi longtemps. Ce petit peuple, récemment installé, n’aurait pas pu « tenir ». Sancerre est, « officiellement, leur cité, or la ville est sur la rive gauche du Liger (Loire), à 50km au nord-est d’Avaricum (Bourges), ce qui ne cesse d’interroger.

            Au chapitre 5, Luctérios rentre à Avaricum (Bourges) avec son armée. Les Boïens auraient dû, s’ils avaient été localisés à Sancerre, aider les Romains pour traverser le Liger.

            Dans les épisodes suivants, les Boïens auraient dû aussi offrir un soutien militaire important lors du siège d’Avaricum (Bourges), ce qui n’advint pas.   C’était pourtant une chose convenue au moment de leur installation chez les Eduens.

            Jusqu’à ce chapitre, on a constaté que jamais César n’a impliqué militairement ses alliés Eduens dans ce conflit. Il s’est contenté de leur demander un appui logistique. Au chapitre suivant, on verra que le torchon brule entre les chefs Eduens. César a compris que ce n’est pas le moment de les emmener dans cette guerre, s’il n’a pas le soutien de tout ce peuple.

Table dite de « Peutinger » secteur Lingons (Langres)

            Ci-dessous, reconstruction de la table sur une carte de France en respectant les distances portées sur l’original avec une unité de mesure : La Lieue Gauloise = 2,45km. La triangulation a permis de confirmer la position précise de ces villes. Cette méthode ne correspond pas à l’étude faite sous Napoléon III qui a été réalisée sans tenir compte des mesures inter-villes fournies, mais avec ressemblance phonique des noms des villes actuelles et celles de la table. Cette dernière reste aujourd’hui la version officielle.

 

Pour vérifier les distances présentées, il suffit de se mettre sur Google Maps en mode itinéraire puis en mode vélo. C’est un choix pour éviter les grandes nationales, les cols et les autoroutes. Google Maps propose généralement trois itinéraires dont le plus plat correspond très souvent aux mesures de la table de Peutinger.   

Nom Gaulois Nom actuel Distance Peutinger Distance Google Maps

Filena- Andémantunum

Dijon-

Langres

XXVIII lieues x 2,45

= 68,6km

67 km

En mode Vélo

Sege serra- Andémantunum

Essarois-

Langres

XXI lieues x 2,45

= 51,45km

55,5 – 55,3 – 64,4 km

En mode Vélo

 

Varcia- Andémantunum

Gray-

Langres

XII + XI lieues x 2,45

= 56,35km

 

63,3 – 56,7– 63,4 km

En mode vélo

            Essarois : Dès le XIXe siècle la fouille de plusieurs tumulus livre des bracelets et des anneaux de bronze d’époque celtique. Une voie protohistorique, venant de celle de Beneuvre-Vertault (Vertillum), était empruntée par les pèlerins se rendant au fanum, implanté dans un cirque naturel, au débouché d’une source tufeuse. Ce temple, construit en matériau périssable (bois) à l’époque celtique puis maçonné en pierre locale (calcaire oolithique) à l’époque gallo-romaine, est célèbre pour les ex-voto anatomiques découverts dans la zone cultuelle, ces dépôts d’offrandes aux dieux pour les remercier et/ou leur demander certaines guérisons.

            Source (RAE) : Un ex-voto particulier y fut découvert en 2009, représentant un cas de polydactylie (Plus de cinq doigts) sur un pied humain taillé dans la pierre locale. L’objet, actuellement conservé au musée du Pays Châtillonnais, est un témoignage encore unique de polydactylie humaine dans le nord-est de la Gaule romaine et qui reste rare dans l’Antiquité, même si cette malformation était parfaitement connue.

Pline l’Ancien mentionne des cas connus atteints de cette malformation, telles ces deux jeunes filles dont le surnom Sedigitae provenait de leur -–-polydactylie aux mains (Hist. Nat., Livre XI, 99, 244). Dans le même ouvrage, Pline nous apprend que le poète Volcacius devint célèbre pour cette même particularité et reçut ainsi le surnom de Sedigitus.

           

            Montmoyen : Voisin d’Essarois où un menhir classé Monument historique, déplacé à Mauvilly puis à Châtillon-sur-Seine, atteste d’une occupation dès le néolithique. Plusieurs tumuli ont fourni du mobilier celtique conservé au musée du Pays Châtillonnais et des vestiges gallo-romains ont été identifiés aux Closelaux. Montmoyen peut-être Mont du Milieu mais milieu de quoi ? c’est peut-être le milieu de trois pagus qui pourrait être le point idéal centralisé pour réunir les 12 légions de César. Ces trois pagus pourraient être ceux des Tricasses (Troyes), des Sénons (Sens) et des Lingons (Langres). Ce genre de marqueur géographique était encore courant au moyen âge pour signaler le point de croisement pour trois archidiocèses. Ex : La Pierre-des trois-évêques, dans la Loire, et La Croix-des-trois-évêques, entre Aubrac et Laguiole.

 Hypothèse camp de César à « Sege-Serra ».

           

Sege Serra : Serra est le nom de « montagne » en Gaulois. Ex : Serre-Chevalier, Sierra en Espagnol etc.

           

« Le mont du pied à six doigts » et le village d’Essarois sont voisins. Cet endroit est potentiellement intéressant pour imaginer que c’est peut-être ici que César a pu rassembler ses douze Légions.

Essarois semble être le carrefour entre trois peuples : Tricasses (Troyes), des Sénons (Sens) et des Lingons (Langres). C’est à partir d’Essarois que l’on va faire démarrer la route de César vers le pays des Boïens (Sud).

Livre VII ch. 10 : César invite donc les Héduens à lui fournir des vivres, et se fait précéder chez les Boïens d’une ambassade qui annoncera sa venue et les exhortera à rester fidèles, à supporter vaillamment le choc de l’ennemi. Laissant à Agédincum deux légions et les bagages de toute l’armée, il se met en route pour le pays des Boïens.

 

Le texte de César est clair :

1) César envoie une ambassade chez les Boïens pour : a) annoncer sa venue b)  les exhortera à rester fidèles, c) supporter vaillamment le choc de l’ennemi.

2) César envoie deux légions avec les bagages de l’armée à Agédincum (Sens).

3) Il quitte le pays des Lingons avec dix légions pour celui des Boïens assiégés par Vercingétorix.

4) Il demande aux Eduens de lui fournir des vivres.

Vercingétorix assiège Gorgobina. Il apprend que César se dirige sur Avaricum. Il lève le siège pour aller à sa rencontre.

Pendant ce temps, la mission romaine arrive depuis le nord en direction de Gorgobina des Boïens.

Ils vont se croiser à St-Haon-Le-Vieux. Vercingétorix, sur la route de Cénabum, refusera le combat pour se porter rapidement à la rencontre de César, chez les Bituriges.

NB : Avec les cartes ci dessous, on peut constater que : Si Sancerre était à Gorgobina, Vercingétorix en train de l’assiégé, lève le siège pour aller à la rencontre de César. Les deux ennemis se seraient croisés avant que César n’atteigne Cenabum (Orléans). Ce n’est évidemment pas le cas car c’est à proximité d’un Noviodunum entre Cenabum et Avaricum que le contact a eu lieu entre les deux armées.

Où sont localisés les Boïens ?

Officiellement, les Boïens seraient chez les Bituriges ? Chose impossible pour les raisons suivantes. César avait placé les Boïens sous l’autorité des Eduens (Livre VI.28). Les Bituriges étaient des Eduens avant de passer dans le clan des Arvernes de Vercingétorix (Livre VII.5), bien avant l’entrée en Gaule de César (Livre VII.7). Si les Boïens étaient du côté Ouest de la Loire, ni Vercingétorix ni les Bituriges ne les auraient laissés tranquilles aussi longtemps. Ce petit peuple, récemment installé, n’aurait pas pu « tenir ». Sancerre est, « officiellement, leur cité, or la ville est sur la rive gauche du Liger (Loire), à 50km au nord-est d’Avaricum (Bourges), ce qui ne cesse d’interroger.

Les boiens sont dans la plaine du Forez, chez les Ségusiaves, à Boën sur Lignon. 

 

          Dans la plaine du Forez, chez les Ségusiaves, il y a une légende qui racconte l’histoire d’un combat entre Vercingétorix et César. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, mais derrière chaque légende, il y a souvent une histoire vraie.

          Quoi que l’on en pense, cette légende confirme, la position des Boïens près de Boën-sur-Lignon et la compatibilité du texte de César avec cette hypothèse.

          Un contact entre ces deux belligérants aurait eu lieu. Saint-Haon-Le-Vieux serait le lieu de cette bataille. Sur la carte ci dessus, cette ville est à l’endroit où la médaille de César est représentée. Vercingétorix, préssé de rejoindre Cénabum a,

– Soit été effrayé de voir arriver des Légionnaires

– Soit n’a pas voulu perdre du temps pour rejoindre Cénabum où César massacre les siens.

Trésor de Lapte

Trésor de Lapte en Velay
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